Le « travail de la beauté » consiste en l’exercice d’une activité professionnelle qui conçoit, produit, entretient ou distribue des formes socialement définies d’apparences. Exercé à des endroits éloignés de la stratification sociale, cette activité passe autant par un travail prescriptif d’édiction de normes de beauté (« modes » alimentaire, vestimentaire, esthétique, etc.) que par un travail interactif de transformation ou modification du corps (conseil alimentaire, coiffure, esthétique, massage, etc.). Cette activité s’inscrit dans une industrie de la beauté au cœur d’enjeux sanitaires, scientifiques, culturels et sociaux qui ne cesse de prendre de l’importance depuis la deuxième moitié du XIXe siècle. S’adressant encore aujourd’hui principalement aux femmes, cette industrie s’est développée grâce aux publicités pour les produits de beauté relayées par les magazines féminins qui véhiculent les « principaux traits de l’image sociale dominante de la féminité » (Goffman, 1977) et des normes d’apparence liées à l’âge et la « race ». L’avènement de la société de consommation a bousculé « l’ensemble de l’univers esthétique » (Vigarello, 2004) qui étend aujourd’hui les préoccupations esthétiques aux hommes, invités eux-aussi à s’intéresser de plus en plus à l’entretien de leurs corps. Les slogans publicitaires soulignent comment les produits permettent d’accéder à une beauté naturelle, de maintenir une forme de jeunesse corporelle, de permettre l’émergence du « vrai moi ». Ils sont à la fois présentés comme magiques et en même temps « créés par des biologistes hyper-diplômés, brevetés par des dermatologues avertis et conseillés par des pharmaciens confirmés » (Cochennec, 2004). Les métiers de la beauté ont accompagné le développement de l’industrie de la beauté en se diversifiant et, dans certains cas, en se professionnalisant. Aujourd’hui, du service à la personne à la conception, la publicité et la production, le travail de la beauté occupe de nombreux professionnels sur lesquels les recherches émergent (notamment au sujet des estheticien-ne-s (Cochennec, 2004 ; Jablonka, 2015), des coiffeurs-euses (Le Lay, 2006 ; Messu, 2013) et de la vente en instituts d’esthétiques (Lan, 2003).

L’intention de cette journée d’étude est de réfléchir à ces métiers, à leur émergence, au contenu de leur travail, à leurs qualifications, leurs contraintes, aux caractéristiques sociales et trajectoires des individus qui les exercent, à leur segmentation et hiérarchisation, à leur rôle prescripteur de « canons de beauté ». La socialisation induite par les métiers dans ces différentes dimensions sera également envisagée (des professionnel-le-s vers les client-e-s et réciproquement ; l’incorporation de normes depuis la sphère professionnelle vers la sphère privée, etc.) Nous invitons donc les chercheur-e-s analysant ces divers aspects et engageant dans leur analyse des normes de beauté une perspective sensible aux questions de classes, de race et de genre à proposer une communication. Les recherches peuvent couvrir les axes suivants (la liste n’est pas exhaustive) :

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