3ème Forum des Sciences Sociales  

Mobilisation citoyenne et réponses institutionnelles : vers une recomposition des liens sociaux ?

Organisé par l’ABFSA en partenariat avec la Fédération des Services Sociaux

Au cours des dernières années, des groupements, des mouvements ou collectifs citoyens se sont constitués pour infléchir ou modifier le cours des décisions prises par les pouvoirs publics, pour s’y opposer, en atténuer les conséquences jugées néfastes ou indésirables ou à l’inverse, pour dénoncer et pallier l’inaction politique. Ces entités collectives agissent dans différentes arènes, à dimension globale (lutte contre le réchauffement climatique, contre le racisme, etc.), nationale et/ou locale (plateforme d’accueil et d’hébergement citoyens, aménagement du territoire, gilets jaunes, etc.). Instances officielles et collectifs « spontanés » constituent d’intéressants laboratoires où s’affirment ou s’acquièrent des compétences méthodologiques et des savoirs pratiques, où émergent et se confrontent des représentations du bien public et du bien commun, où s’expérimentent de (nouvelles) formes de démocratie et de participation politique. 

En quoi les questions portées par ces mouvements sont-elles nouvelles ou prolongent-elles des luttes plus anciennes ? Quels sont les modes d’action et de participation politique à l’heure de la digitalisation et des réseaux sociaux ? Quelles sont les conditions et les modalités de participation aux espaces de lien, de lutte et d’innovation, notamment des publics en marge ? 

Une conférence, 3 ateliers (19 avril 2024) – LIEGE

Accueil : 08h30

Conférence introductive de Mohamed Nachi (ULiège)09h « L’alternative des communs, nouvelles formes de contestation et recomposition des liens sociaux »

10h-10h30 : pause café

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Atelier 1 (10h30-12h30) :

Aménagement territorial et mobilisations citoyennes : quelles nouvelles formes de démocratie et de participation politique ?

Depuis quelques années, les politiques d’aménagement du territoire se sont déclinées au fil de dispositifs successifs qui convergent vers une gestion planifiée, raisonnée et rationnelle du sol. La lutte contre le changement climatique a introduit une injonction forte de la part de l’UE, celle d’un « Zéro Artificialisation Nette » à l’horizon de 2050. En Région wallonne, cet objectif est repris par le projet de SDT (schéma de développement territorial), instituant notamment le concept d’optimisation spatiale (qui vise à préserver au maximum les terres et à assurer une utilisation efficiente et cohérente du sol par l’urbanisation), et prônant le renforcement des « centralités ».

Dans les localités, différents documents de planification encadrent l’octroi des autorisations d’urbanisme et leur élaboration requiert une participation citoyenne. L’offre institutionnelle de participation s’exprime également, selon les documents, opérations ou permis concernés, à travers des processus d’enquête publique permettant aux citoyens d’introduire des réclamations, à travers des commissions consultatives au sein desquelles les orientations de l’aménagement du territoire sont discutées,…

Mais à côté de ces espaces institués par le législateur , des initiatives citoyennes voient le jour, souvent en réaction à des projets urbanistiques ou immobiliers. Des collectifs se constituent, des « citoyens-habitants » s’engagent dans la lutte ou la négociation avec les pouvoirs publics et les promoteurs immobiliers. Partageant une inquiétude face au changement d’échelle qu’impliquent certains projets, à la perte d’une qualité de vie, d’une identité locale, ils soulèvent des questions de justice et de légalité, proposent des alternatives, mobilisent des leviers politiques ou juridiques.

Ces instances officielles et ces collectifs « spontanés » constituent d’intéressants laboratoires où s’affirment ou s’acquièrent des compétences méthodologiques et des savoirs pratiques, où émergent et se confrontent des représentations du bien public et du bien commun, où s’opère un travail de traduction ou de déclinaison d’injonctions politiques supranationales au niveau local, où s’expérimentent de (nouvelles) formes de démocratie et de participation politique.

C’est à ces mobilisations et à leur évolution que cet atelier s’intéressera : nous en retracerons le cours (parfois tumultueux) et les contours, les ressorts et les ressources, et nous envisagerons leur contribution à la question du « comment faire société » à l’échelle d’un milieu de vie local.

Intervenant.e.s :

  • Bénédicte Maccatory et Guy Massart, Songes ASBL, ULiège : L’occupation sensible de l’espace public. Émergence de commun ?
  • Michel Grawez et Pierre de Saint-Georges, Comité de quartier de Bomel (Namur) : Les abattoirs de Bomel (Namur) : l’action d’un comité de quartier dans la durée
  • Jean-François Guillaume, Faculté des Sciences Sociales, ULiège : « Fera-t-il bon vivre dans une ville à la campagne ? » Regard sociologique sur une expérience de mobilisation citoyenne
  • Raphaëlle Harou, chercheure au CREAT-UCLouvain (Centre de Recherche et d’Etude pour l’Action Territoriale) : À la recherche de l’acceptabilité sociale des projets d’urbanisme et d’aménagement
  • Yves Hanin, Professeur, Directeur du CREAT-UCLouvain (Centre de Recherche et d’Étude pour l’Action Territoriale) : Acteurs, usagers, scènes et dispositifs de la fabrique territoriale

Animation : Laura Beuker (ULiège)

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Atelier 2 (première partie, 10h30-12h30)

Questions de société : quelles mobilisations citoyennes ?

L’actualité de cette dernière décennie a maintenu ou mis à l’avant-plan un certain nombre de questions relatives à l’équilibre et à la dynamique des rapports de classe, à notre rapport à la diversité (de genre, d’origine ethnique, de croyance…) et à l’inclusivité mais aussi à notre place dans le vivant ou encore à nos devoirs à propos de populations étrangères vulnérabilisées. Cet atelier a pour but d’interroger la manière dont certaines de ces questions sont effectivement saisies et mises au travail par des collectifs citoyens (partie 1) et par des acteurs plus institués (partie 2). 

Nous nous intéresserons, en premier lieu, à trois collectifs portés par des citoyen.ne.s engagé.e.s dans la dénonciation d’injustices et de ce qui est considéré par elleux comme des carences de l’État social ou des dérives des politiques libérales : les « Gilets Jaunes », le mouvement « Black Lives Matter » et la « Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés ». Parfois évalués, dans certains commentaires précoces, sous l’angle de la réaction « spontanée » ou « émotionnelle », ces citoyen.ne.s ont aussi démontré leur capacité, au moins pour un temps, à se structurer, à déployer une action concrète et à s’imposer dans le débat social. En quoi les questions portées par ces mouvements sont-elles nouvelles ou en quoi prolongent-elles des luttes plus anciennes ? En quoi peuvent-ils contribuer au renouvellement de l’analyse sociale ? Que dire également des modes d’action et de protestation qu’ils ont suscités ? 

Intervenant.e.s :

  • Marc Zune (chercheur au GIRSEF) (UCLouvain), Sur le terrain avec les Gilets jaunes. 
  • Yannicke de Stexhe, docteure en Sciences politiques et sociales (UCLouvain), Plus que leur somme : les complémentarités au sein de Black Lives Matter aux Etats-Unis.
  • Adriana Costa Santos, doctorante au CESIR (UCLouvain-Saint-Louis), Le making of d’une politique d’hospitalité en réseau. Cadrages et outils des mobilisations vers de nouvelles formes d’action publique migratoire à Bruxelles.

Animation : John Cultiaux (UNamur/ UCLouvain) et Apolline Dupuis (UMons) 

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Atelier 2 (deuxième partie, 14h-16h)

Questions de société : quelles réponses institutionnelles ?

En second lieu, l’atelier mettra en lumière la manière dont certains acteurs institués, notamment les syndicats et les partis politiques, sont interpellés par ces questionnements contemporains, comment ils s’en emparent pour refléter des préoccupations émergentes de la société, mais aussi quelles réticences ou résistances cela peut susciter en leur sein. Nous le ferons en questionnant, au départ d’un point de vue syndical, les déplacements qu’imposent, dans une action centrée sur l’emploi et le travail, la prise en compte d’enjeux plus directement écologiques et sociaux. C’est notamment le cas à propos de l’extension des aéroports wallons, dont principalement celui de Liège, qui place dos à dos les enjeux écologiques et d’emploi et du recours de plus en plus fréquent par les employeurs, dont les entreprises de plateforme, aux “travailleurs indépendants”. Une dernière communication fera part d’une recherche sur les possibles articulations des enjeux féministes et écologiques. Elle montrera, au départ des approches plurielles des luttes d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Europe comment des femmes entrées en militance pensent les liens entre ces questions. Dans chacun des cas, analyser les trajectoires de ces questions et les réactions institutionnelles permet de mieux comprendre les dynamiques politiques sous-jacentes et la capacité des structures traditionnelles à s’adapter aux évolutions sociétales.

Intervenant.e.s :

  • Claudine Drion, Coprésidente d’Etopia et chercheuse au Monde selon les femmes, Politiser la société civile – Civiliser la politique – Ecoféminisme
  • Martin Willems, Permanent ACV-CSC United Freelancers, Ce que l’ubérisation et la freelance-isation impliquent comme réponse syndicale
  • Cédric Leterme, chercheur au GRESEA, Emplois et transition à l’aéroport de Liège : l’impossible équation ?

Animation : Jean Vandewattyne (UMons) et Bruno Frère (ULiège)

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Atelier 3 (14h-16h) :

Public en marge et travail social : quelle actualité du lien social ? 

La mobilisation sociale et politique de personnes en situation de marginalisation et/ou d’éloignement des droits sociaux offre un terreau heuristique d’observation de ce que suppose la création et la participation à des espaces de liens sociaux. En effet, ces expériences questionnent profondément les représentations et les normes collectives : au travers des vécus et revendications portées par les groupes marginalisés, ce sont toutes les failles du système social comme les nombreux mécanismes de domination qui se donnent à voir avec une clarté particulière. L’atelier propose d’examiner ce que la démarche communautaire et l’aller-vers auprès des publics en grande marginalité permet de rendre visible sur la question du « lien social » aujourd’hui, dans la double acception de l’institutionnalisation des mécanismes de solidarité et du déploiement de réseaux de relations interpersonnelles hors du cadre institutionnel. Il examine en particulier les conditions permettant l’émergence d’une « parole collective ». Il laisse place tant aux dispositifs portés par des travailleur∙euse∙s sociaux∙les qu’aux espaces auto-gérés par des pairs.

Intervenant.e.s :

  • Justine Vleminckx (Fédération des Services Sociaux) : « Au cœur du dispositif BRI-Co : encourager la participation à l’échelle des quartiers »
  • Atelier TDS (travailleur.euse.s du sexe) (UClouvain-Saint-Louis) : « Approcher l’intervention sociale auprès des TDS : réflexions sur un terrain »
  • Felicien Dufoor (vzw Bonnevie) : « Union des locataires des logements sociaux de Molenbeek : retours d’expérience »
  • François Istasse (CVTS/IPHS) –  Le Comité de Vigilance en Travail Social : mobiliser, soutenir et former les acteurs sociaux aux questions éthiques et déontologiques.

Animation : Lotte Damhuis (FdSS) et Renaud Maes (UMons/UCL)

Inscriptions via le lien suivant :

https://forms.office.com/e/fpAaewC6zJ

Une question ? N’hésitez pas à écrire un mail à forum-abfsa@hotmail.com